Analyse de la satisfaction des français sur la vie qu’ils mènent
Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les revenus et les conditions de vie (SRCV) de 2010 à 2017
Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus vivant en ménage ordinaire.
Analyse : Hugues JURICIC (avril 2019)
La note de satisfaction donnée par les français sur leur vie menée diminue légèrement entre 2010 et 2017, mais avec une assez grande variation due entre 2012 et 2013 où l’on peut constater un décrochage en 2013 (l’enquête est réalisée en décembre de l’année).
La distribution de la note donnée évolue de façon un peu plus marquée. Si la proportion des français les plus insatisfaits de leur vie (note de 0 à 4) diminue en passant de 8,3% à 6,0%, la proportion des plus satisfaits (note de 9 et 10) diminue aussi en passant de 25,6% à 18,3%.
C’est la catégorie des français relativement satisfaits (note de 7 et 8) qui a augmenté de façon passant de 46,8% à 55,0%.
La proportion des français très et plutôt satisfaits (note de 7 à 10) a légèrement augmenté en passant de 72,4% en 2010 à près de 73,3% en 2017, et celles des français très ou plutôt insatisfaits de leur vie (note de 0 à 6) a légèrement diminué en passant de près 27,7% à 27,4%. Ces deux tendances inverses se compensant, la note moyenne apparaît quasiment identique entre 2010 et 2017.
En décomposant la note de satisfaction donnée à la vie menée selon les différents aspects de la vie, on retrouve l’évolution légèrement à la baisse avec la relativement forte chute en 2013 immédiatement compensée par une hausse les années suivantes.
On retrouve cette évolution pour la satisfaction vis à vis du logement (logement environnement et localisation) ou de l’emploi mais pas pour les loisirs.
Il est remarquable que la satisfaction pour le logement soit systématiquement supérieure à la satisfaction globale ou à la satisfaction vis-à-vis de l’emploi. En revanche, la satisfaction vis-à-vis des loisirs est systématiquement plus faible, mais elle augmente sur la période.
La satisfaction de la relation avec les amis ou la famille se situe à un niveau élevé, très élevé même en comparaison avec la satisfaction concernant les loisirs. Les enquêtes de 2010 et 2011 ne mesuraient la satisfaction relative à cet aspect de la vie, mais l’évolution entre 2012 et 2017 des deux indicateurs montrent une forte similitude avec le logement ou le travail.
Les moyennes des notes données indiquent assez nettement que les français sont plutôt satisfaits chez eux, en famille ou avec leurs amis, que l’emploi finalement est plutôt satisfaisant et que l’insatisfaction la plus grande concerne les loisirs, mais cela s’améliore un peu.
La satisfaction de leur logement (logement, localisation et environnement) est plutôt grande. La proportion de français très satisfaits (note de 9 et 10) est même particulièrement élevée (30,1% des français en 2017) et, à l’opposé, celle des français très ou plutôt insatisfaits (note de 0 à 6) est relativement faible (19,2% en 2017).
L’évolution est très faible entre 2010 et 2017, la relative baisse de 2013 qui a été compensée les années suivantes concerne surtout les français les plus satisfaits de leur logement.
Concernant l’emploi, la proportion des français très satisfaits est plus faible (19,8% en 2017) et est en diminution depuis 2010, la baisse de 2013 n’ayant pas été compensée les années suivantes. Et à l’opposé la proportion des français insatisfaits (note de 0 à 6) est en nette augmentation passant de 24,6% à 29,2%, la hausse débutée en 2013 s’étant poursuivie les années suivantes.
Du point de vue de l’emploi, on peut dire qu’il y a eu une dégradation de la situation de l’emploi en 2013 qui s’est poursuivie et confirmée les années suivantes, et semble-t-il même amplifiée en 2017.
L’emploi apparaît bien comme une préoccupation centrale dans la satisfaction des français sur leur vie menée en général.
En ce qui concerne les loisirs si la note moyenne s’est améliorée, il faut prendre en considération que 35,2% des français sont très ou plutôt insatisfaits de leurs loisirs. Cela peut être multifactoriel, correspondre à une offre de loisirs insatisfaisante mais aussi un manque de temps ou d’argent pour avoir des loisirs de façon satisfaisante.
La proportion des français insatisfaits tend toutefois à diminuer, puisqu’ils étaient 41,3% en 2010 et 35,2% en 2017, alors la proportion de ceux qui sont très satisfaits reste quasiment constante autour de 20%.
Les français sont plutôt bien chez eux, un peu moins bien au boulot mais globalement ils s’embêtent un peu (ou n’ont pas le temps ou l’argent pour avoir des loisirs satisfaisants).
En 2017, une proportion plus importante était peu satisfaite de ses loisirs (35% avec une notre de 0 à 6 sur 10) contre seulement 19% pour leur logement et 29% pour leur emploi, et 27% de façon générale.
La proportion des très satisfaits de façon générale (note de 9 ou 10 sur 10) représentant 18% des adultes, mais 30% pour les très satisfaits pour leur logement ( !) et 20% pour l’emploi ou les loisirs.
Satisfaction selon le genre
Très peu de différence entre les hommes et les femmes, une très légère meilleure satisfaction des hommes. Une même évolution avec une légère dégradation en 2013 alors que cela semblait aller mieux entre 2010 et 2012.
La satisfaction concernant le logement est quasiment identique entre les hommes et les femmes. Pas de différences non plus vis-à-vis de l’emploi.
Pour les loisirs, la satisfaction des femmes est moins grande que celle des hommes, mais avec une tendance à l’amélioration pour les femmes. Sans aucun doute le facteur temps pour les loisirs joue en défaveur des femmes.
Pas de différence en ce qui concerne les relations avec les amis ou la famille.
La seule différence entre la satisfaction (moyenne) entre les hommes et les femmes concerne les loisirs et cette différence s’est atténuée entre 2010 et 2017.
Evolution entre 2014 et 2017 de la satisfaction selon les déciles du revenu du ménage.
L’argent ne fait pas le bonheur mais il semble y contribuer. Mais pas tant que cela !
Il y a bien une progression de la satisfaction (moyenne) plus le revenu augmente mais l’écart entre le 1er décile (10% des personnes dont le revenu du ménage est le plus bas) et le 10ème décile (10% des personnes dont le revenu du ménage est le plus élevé) n’est que de 1,1 (note moyenne de 6,5 contre 7,6 en 2017). Il baisse même entre 2014 et 2017, la satisfaction moyenne des premiers déciles augmentant légèrement alors que celui des derniers déciles diminuent légèrement En ne considérant que la proportion des personnes déclarant un indice de satisfaction inférieure à 7, on observe bien la dégressivité de la relative insatisfaction selon le niveau de revenu.
On voit aussi que l’insatisfaction relative diminue entre 2014 et 2017 pour les plus bas revenus et augmentent pour les plus hauts… Cela semble assez en contradiction avec les revendications exprimées dans les mouvements sociaux de la fin 2018.
Distribution des niveaux de satisfaction selon le type de zone urbaine d’habitation
En 2017, la proportion des très satisfaits et des moins satisfaits apparaît assez peu affecté par le fait d’habité dans des unités urbaines de plus ou moins grandes importances. Elle est même étrangement identique entre le fait d’habiter dans une métropole ou dans une commune rurale !
Ce serait dans les zones urbaines de taille moyenne (50 000 à 200 000 habitants) qu’il y aurait la plus grande insatisfaction (31% des personnes avec un indice inférieur à 7 et seulement 14% avec un indice supérieur à 9).
Télécharger le document avec les graphiques :
La satisfaction des français sur leur vie de 2010 à 2017