Outre l’épisode chlordécone qui a particulièrement marqué l’agriculture antillaise, la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires devient un enjeu majeur, de plus en plus partagé, ne serait-ce que pour répondre aux attentes Eco-phyto 2018.
Plus globalement, les pratiques agricoles économes en intrants, le maintien de la biodiversité, les systèmes agricoles à plus forte valeur ajoutée et la commercialisation de proximité ancrée au territoire font l’objet d’une attention croissante, pour des raisons environnementales mais également sociales.
L’agriculture dite traditionnelle répond à ces enjeux puisqu’il s’agit d’une méthode de production saine et propre, proche de l’agriculture biologique, relativement peu mécanisée, avec une prise en compte de la vie du sol et de la nécessité de protéger et enrichir constamment ce sol. Elle permet la protection d’un patrimoine culturel, la production de produits de qualité, sains, appréciés des consommateurs et diversifiés et dans certains cas un rapprochement vers une autonomie alimentaire ou à minima une commercialisation en circuit court.
Pourtant, ces systèmes tendent à diminuer au profit d’une agriculture plus intensive, largement développée sur le reste du territoire français et martiniquais.
Pollen Conseil a mené une étude pour le compte de la Chambre d’agriculture de Martinique sur le sujet (en association avec Philippe Villard Consultant). Il s’est agi de décrire de manière précise cette agriculture traditionnelle particulièrement intégrée et de recenser les caractéristiques communes. Une trentaine d’agriculteurs ont ainsi été rencontrés ; il en ressort la description de différents systèmes de culture. Le système de base se structure autour de la production de tubercules. Les associations de cultures importantes, les rotations, les importants apports en matières organiques pour l’enrichissement du sol, ainsi que le faible recours aux intrants (plus particulièrement aux intrants chimiques) sont les principales caractéristiques de ces systèmes agricoles, qu’ils soient ou non orientés sur la production de tubercule d’ailleurs.
Un projet de cahier des charges a également été proposé à la Chambre d’agriculture de Martinique. La mise en place d’un label est envisagée pour la suite et un accompagnement plus important des ces exploitations agricoles est fortement attendu, notamment au travers des aides POSEI et FEADER.