Le dernier rapport du GIEC (2021) est remarquable, et bien inquiétant.
Il est particulièrement solide d’un point de vue scientifique. Il n’est plus l’heure d’essayer de nier les faits et de chercher à décrédibiliser le thermomètre lorsque la température indiquée ne nous plaît pas.
En particulier pour ce qui me concerne, l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, le chapitre 6 du rapport est particulièrement instructif, édifiant au bon sens du terme.
Il traite des « Liens entre la désertification, la dégradation des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre: synergies, compromis et options d’intervention intégrée ». Tout un programme, là aussi au très bon sens du terme.
Quarante options d’action (intervention) intégrée sont passés en revue pour évaluer leur potentiel d’impact sur l’atténuation des changements climatiques, l’adaptation à ces changements, la désertification, la dégradation des terres sans oublier la nécessaire sécurité alimentaire. Les interventions sont interdépendantes. Certaines options peuvent accroître les impacts positifs mais d’autres peuvent entrer en conflit et diminuer les impacts cumulés (l’exemple le plus connu est la concurrence entre la production de bioénergie versus la production alimentaire ou la préservation des surfaces boisées).
Il est également analysé la faisabilité des options pour des raisons économiques, technologiques, institutionnels, socioculturels, environnementaux et géophysiques.
Aussi une action coordonnée est nécessaire (vitale devrait-on dire) entre un large éventail d’acteurs, y compris les entreprises, les producteurs, les consommateurs, les gestionnaires des terres (agricoles, forêt et autres espaces naturels ou verts), les populations et les communautés locales et les décideurs, afin de créer des conditions propices à l’adoption d’options d’intervention.
Le rapport souligne qu’un retard dans l’action entraînera un besoin accru de réponse aux défis fonciers et une diminution des impacts bénéfiques des interventions en raison des changements climatiques et d’autres pressions (environnementales, démographiques, sociologiques…). Et de nombreux obstacles existent, certains technologiques mais aussi économiques, institutionnels et surtout politiques comme par exemple la lutte contre la déforestation ou l’artificialisation des terres.
Le rapport reconnaît que de nombreuses options d’intervention sont mises en pratique dans de nombreuses régions depuis de nombreuses années; cependant, il y a peu de connaissances sur l’efficacité et les implications plus larges d’autres options d’intervention.
Pour ce qui nous concerne, en France, on peut dégager en première lecture plusieurs éléments :
1/ il y a très peu de scientifiques français, agronomes ou environnementalistes, cités ; Jean-François Soussana nous sauve la mise, mais l’on peut regretter que les publications de l’INRAE ou du CNRS n’aient pas contribuer au travail du GIEC sur la question de l’exploitation humaine des terres (anthropobiocène) et des interventions à mener pour améliorer son impact sur le changement climatique.
2/ Les interventions préconisées ne sont que partiellement mises en œuvre quand elles le sont, et l’on se sent particulièrement concernés par les obstacles à leur mise en œuvre tels qu’ils énumérées dans le rapport. L’obstacle majeur semble d’ailleurs non pas politique mais plutôt institutionnel, avec notre mille-feuille institutionnel et notre propension à œuvrer en « tuyau d’orgue » et en « chapelle ».
Il nous manque à l’évidence un lieu d’échange, de concertation entre toutes les parties prenantes, les entreprises, les producteurs, les consommateurs, les gestionnaires des terres, les populations et les collectivités et associations locales et les décideurs. Et que ce lieu ne soit pas franco-français comme trop souvent, mais international pour mutualiser et capitaliser les (nombreuses) expériences.
C’est précisément l’ambition du projet GRIGNON 2026. Battons-nous pour qu’il puisse voir le jour, en dépit des blocages institutionnels et politiciens.
Hugues JURICIC
27 août 2021
Pour en savoir plus aller sur le site https://grignon2000.fr/
Pour en savoir plus télécharger
– Chapitre 6 GIEC 2021
– Résumé Chapitre 6 GIEC 2021